L'embellie

Auður Ava Ólafsdóttir

Points

  • Conseillé par
    14 octobre 2015

    Le coup de cœur de Pascale Frey

    Après les " page turner " (des livres dont on ne peut s'empêcher de tourner les pages frénétiquement), on parle aujourd'hui de " feel good book ". Pourquoi recourir à l'anglais ? Parce qu'il faut bien reconnaître que ces trois mots sont plus percutants que " les livres qui nous font nous sentir bien "! Tout cela pour vous dir_e _que_ _le roman d'Audur Olafsdottir, " L'Embellie ", est à la fois un " page turner " et un " feel good book "! Il a paru l'automne dernier, et poursuit sa carrière auprès des lecteurs, suivant le même chemin que " [Rosa candida]( http://www.onlalu.com/site/ouvrages/rosa-candida/)" , publié il y a trois ans.

    L'intrigue est originale, puisqu'en quelques jours, une femme apprend :

    1\. que son mari la quitte (sans oublier d'emporter le toaster et les guirlandes de Noël) car il attend un enfant avec une autre,

    2\. qu'elle a gagné à la loterie un chalet d'été en kit. Elle peut l'installer où elle veut dans le pays et, comme par hasard, va choisir le terrain face à la ferme de son enfance...

    3\. selon toute improbabilité, elle est aussi l'heureuse bénéficiaire de quelques millions de couronnes remportés au loto (il lui est difficile de résister ? aux tickets que des nécessiteux ou des pompiers lui vendent)…

    4\. et d'un enfant, elle qui n'en voulait pas. Ce petit Tumi, qui entend mal et voit guère mieux, est le fils de sa meilleure amie, hospitalisée pour risque d'accouchement prématuré.

    Tout cela paraît loufoque ? Ça l'est, on confirme ! Que cela soit crédible ou pas n'a strictement aucune importance, car dès les premières pages, on tombe sous le charme de ce duo improbable qui s'embarque sur l'unique route du pays (une sorte de 101 version islandaise), pour rejoindre le village natal de la narratrice. Comme l'intrigue se situe en novembre, la nature, la nuit et les éléments (beaucoup de pluie et de brouillard) servent de décors à cette ballade. Cela pourrait être cauchemardesque, c'est au contraire très joyeux, car ces deux personnages hors normes sont habités par une sorte de gaieté, même si en filigrane, une gravité apporte un autre éclairage au récit. Lorsqu'on lit Audur Olafsdottir, on a l'impression de la voir sourire. Tout le monde sait que le sourire est contagieux, alors il ne reste plus qu'à trouver une expression française (ou islandaise) pour le " feel good book… "

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  • Conseillé par
    21 juillet 2015

    Elle est islandaise, elle parle onze langues, elle est écrivain public et traductrice, elle livre ses traductions à domicile et, parfois, elle couche avec un client. Sa vie coule tranquillement jusqu'au jour où son mari la quitte. Il a rencontré une autre femme et l'a mise enceinte. Il est heureux. Elle n'a jamais voulu d'enfant, n'a pas la fibre maternelle. Ce qui n'est pas le cas de sa meilleure amie Audur, enceinte de jumeaux alors qu'elle est déjà la mère célibataire du petit Tumi, un garçonnet de 4 ans né prématurément, chétif, à la vue défaillante et presque sourd. Audur ayant besoin de repos, Tumi sera son compagnon de voyage pour un tour de l'île sous la pluie de novembre. Malgré ses inquiétudes, sa peur de mal faire, elle va s'attacher à ce petit bonhomme silencieux mais très observateur.

    Un road trip en terre islandaise. Novembre sur l'île, c'est le début de l'hiver, du froid, de la nuit qui s'installe, mais nos deux héros profitent d'une embellie pour leur virée vers l'est. Et une embellie en Islande, c'est beaucoup de pluie, des glissements de terrain, le jour qui persiste plus que de coutume. Et tout semble glisser aussi sur la narratrice dont on a du mal à appréhender les sentiments. Elle regarde, sans réagir, son mari partir, emporter avec lui presque tous les meubles et revenir de temps à autre pour coucher avec elle. Est-elle d'une féroce insensibilité, simplement détachée de tout ou blindée contre la douleur ? Au fil de son périple ponctué de rencontres improbables et de l'apprivoisement de son compagnon debut route, on apprend à connaitre cette femme qui sous un égoïsme de façade cache une blessure ancienne et profonde. Le but de son voyage est le village où vivait sa grand-mère, un retour aux sources pour enfin affronter le passé. Tumi sera d'une grande aide dans ce cheminement vers l'acceptation des sentiments.
    Il ne se passe pas grand chose dans ce road book tendre et gentiment déjanté mais on se sent bien aux côtés de ces deux êtres en marge qui cheminent vers leur destin, et peut-être le bonheur. C'est un peu la marque de fabrique d'Audur Ava OLAFSDOTTIR que de nous raconter des personnages éthérés, leur quête et leur ''rédemption'' grâce à un enfant. Comme avec Rosa Candida, elle nous charme de son embellie, sans en faire trop, en soulignant des instants de vie banals a priori, mais riches de tendresse, de partage et de sérénité. Encore une fois un joli roman tout en douceur.