La petite barbare

Astrid Manfredi

Belfond

  • 6 novembre 2015

    Depuis sa cellule, pleine du bruit assourdissant de vivre, cette jeune femme de vingt ans, raconte sa jeunesse dans sa sinistre banlieue. Elle, qui souhaite plus que tout, échapper à l'odeur de la rose en toc, encore secouée par la désillusion, abuse de son corps animal pour piéger les hommes. Elle n'est pas très fière de son reflet mais elle jubile d'avoir échappé au joug des hommes qui enchaînent les doux rêves bleus.

    La Petite barbare, depuis sa cellule, est libre, affranchie des menottes de l'âme masculine. Elle est parvenue à s'extraire du grand collectif des mythomanes du bonheur. Elle est une femme à hommes, en inversant le sens des aiguilles.

    Incarcérée pour complicité de meurtre, ce roman est le cri d'une haine monstrueuse, crachée à la face de tous ; il faut bien survivre à l'univers carcéral, pâle copie de la vie dehors. C'est une stratégie de l'inespoir, là où elle multiplie les sourires aux ardeurs érotiques et diaboliques. Derrière ses sourires, probablement le cri perdu d'une femme à la lisière du monde où elle tente de survivre.

    Elle cherche des issues dans les visions des flammes, de tout ce qui brille, des shots de vodka face au sanglot froid de l'humanité. Devant les lueurs des regards aveugles et muets, elle se métamorphose même si le passé se conjugue au présent. Sur le frisson de son corps c'est le crépuscule de celle qui tente d'oublier ses violents tourments dans la littérature.

    Ce livre est un uppercut, intransitif et déroutant, un rugissement de femme écorchée, rare et bouleversant.

    Belfond, Août 2015.


  • Conseillé par
    2 septembre 2015

    Dans la série roman court et efficace, difficile à lâcher une fois la première page lue... voilà un bon spécimen !
    La petite barbare... une voix que l'on n'entend habituellement pas, mais quand elle résonne, elle le fait avec une sacré force!

    Le retour sur son enfance, sur la tragique affaire qui l'a conduit en prison, le rapport aux hommes... et à l'avenir... elle en a des choses à dire et à dénoncer.
    Elle le fait sans pincettes, la colère de la lâchera jamais.

    Et puis on pense aussi à la victime, et à la réalité... l'assassinat de Ilan Halimi, l'antisémitisme, le quotidien et les perspectives des jeunes de certaines cités... un roman très ancré dans le présent.

    Bref, une nouvelle auteure à suivre!


  • Conseillé par
    31 août 2015

    un si joli monstre

    En prison, ses camarades l’appellent « la Barbare » avec un mélange d’effroi et de fascination. Quel crime a bien pu commettre la jeune femme ? Pour tromper l’ennui et l’isolement, « la Barbare » écrit sur son enfance passée dans une cité, entre un père chômeur, une mère dépassée par les événements, et les visites régulières des huissiers. Ni inculte ni idiote, la petite rêve d’ailleurs, des paillettes plein la tête. Mais l’alcool, la drogue, l’argent facile auprès d’hommes affolés par sa jeunesse la rattrapent. Un parcours presque tristement banal. Tout bascule quand une victime agonise dans une cave pendant des jours, tandis que la jeune femme s’occupe de ses ongles. Pour son premier roman, Astrid Manfredi a choisi comme héroïne celle qui servit d’appât au gang des Barbares dont la victime fut le jeune Ilan Halimi. D ‘une langue insolente et drôle, tendre et survoltée, l’auteure entre littéralement dans la peau de celle qui fut capable d’assister au pire sans sourciller puis, une fois emprisonnée, séduisit gardien et directeur, provoquant la chute de ce dernier. Avec une énergie incroyable et des phrases sèches d’une violence contenue, Astrid Manfredi nous parle d’un monstre et du néant qui l’habite mais aussi, et c’est le plus passionnant, de sa part d’humanité. Glaçant.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par (Libraire)
    18 août 2015

    Poignant !

    La Petite Barbare raconte la jeunesse ou plutôt les déboires de cette jeune fille de 20 ans, adepte de l'argent facile qui se retrouvera finalement en prison. Le récit est crû, sans concession, une véritable critique de la société actuelle, mais dans ce qu'elle a de plus sombre. Un roman coup de poing.