Comprendre Freud
EAN13
9782200355357
ISBN
978-2-200-35535-7
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.ES&PUB SPEC
Nombre de pages
208
Dimensions
20,5 x 14 cm
Poids
280 g
Langue
français
Code dewey
150.195
Fiches UNIMARC
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Indisponible
Introduction?>Il semble que tout ait été dit et redit, vu et revu, interprété et réinterprété sur l'œuvre et les découvertes de Freud. Ajouter un ouvrage au catalogue plus qu'exhaustif des innombrables essais sur Freud, relève, dans ce contexte, de la «contrainte de répétition » ou de l'obstination éphémère à vouloir s'inscrire à tout prix aux côtés d'illustres exégètes de l'oeuvre freudienne.Cette approche de Freud est donc délibérément partielle, fragmentée, sélective. Ma propre pratique et les longues années consacrées à relire Freud dans les traductions françaises ou anglaises, confrontées à la version originale en allemand, m'ont entraîné à me retrouver, ce qui ne manque pas de cocasserie, dans cette position si bien définie par Freud : «Toute trouvaille n'est à vrai dire qu'une retrouvaille.»Le but de cet ouvrage est donc de faire partager au lecteur la richesse de ces retrouvailles avec des aspects de la démarche et de la pensée freudiennes qui n'ont pas toujours été suffisamment explorés, éclairés, voire compris, sur certains champs fondamentaux, dans son invention de la psychanalyse.J'ai eu recours à diverses éditions des oeuvres de Freud, selon le contexte ou la pertinence de la traduction, sans nécessairement privilégier le choix de tel ou tel terme. D'où la référence fréquente aux termes allemands et à ma propre traduction.Les chapitres qui suivent constituent chacun une sorte d'entité autonome. Ils peuvent être lus séparément. Certains aspects sont donc repris ou réintégrés de manière tout à fait délibérée d'un chapitre à l'autre, d'une question à l'autre. Méthode qui m'a paru la plus pertinente et la moins réductrice, pour rendre compte de cette complexe toile d'araignée qui caractérise la démarche de Freud et chacune de ses découvertes importantes.Jusqu'au bout, en effet, Freud invente, ajoute, oublie, reprend, annule ou redécouvre inlassablement, en laissant parfois le lecteur déconcerté, l'obligeant à ne pas chercher de confort dans des réponses définitives qui relèveraient plus de «l'attente croyante » ou d'un désir de savoir purement intellectuel que d'une authentique démarche analytique. «La théorie, c'est bon, mais ça n'empêche pas d'exister» : cet adage de Charcot qui a marqué Freud à ce point qu'il l'a accompagné tout au long de ses travaux sera, à ce titre, l'un des leitmotivs de cet ouvrage, car il doit rester un repère pour la conception de l'usage de la théorie et de l'écriture chez Freud.Même si l'oeuvre de Freud et le freudisme sont l'objet de contestations, d'interprétations soupçonneuses ou d'exploitation plus ou moins honnête, certaines de ses découvertes que je tente d'éclairer ici témoignent encore de leur indiscutable pertinence et d'une audacieuse modernité qui ne peuvent que renvoyer psychanalystes et psychothérapeutes à une grande vigilance dans leur pratique.C'est ce parcours que je voudrais tenter de rappeler, de 1890 à 1939, sans nécessairement reprendre à mon compte tous les propos de Freud. En s'appuyant sur les tâtonnements, les difficultés successives auxquelles il s'est heurté et sur lesquelles il a travaillé avec son honnêteté habituelle, cette démarche vise davantage à essayer d'historiciser la pensée de Freud et à me situer en historien du freudisme. Un paléofreudien, en quelque sorte, qui veut avant tout donner la parole aux mots et aux écrits de Freud, plutôt que chercher à noyer sa démarche dans un esperanto psychanalytique général.«Non, le jour ne se lève pas encore. Nous devons veiller avec soin ànotre petite lumière; il fera encore longtemps nuit.»11 S. Freud-C.G. Jung. Correspondance. I, Lettre du 29 novembre 1908, p. 251.?>Chapitre I?>Écrits et écriture de Freud?>«Ce n'est certainement pas de l'indifférence par rapport aux personnes ou aux choses si rien d'autre ne sort de ma plume. Cela fermente et bouillonne en moi, il n'y a plus qu'à attendre une nouvelle poussée (Sclmb).»1Lettre à FliessFreud aurait aimé être romancier, il possédait une grande culture poétique, théâtrale et philosophique et lisait énormément. Écrire et penser semblent deux démarches indissolublement liées chez lui qui passait rarement une journée sans écrire, ne serait-ce qu'une lettre. Il y trouvait un complément indispensable aux longues heures passées à écouter ses patients et une exploration de toute la matière accumulée par son expérience, ses lectures et ses échanges.Ce qui saute aux yeux d'emblée dans l'écriture de Freud, c'est son abondance et sa diversité. Pour déployer ses interrogations ou ses découvertes sur la nouvelle technique qu'il est en train d'inventer, il a recours à tout un éventail de styles et de genres littéraires, tous ces modes d'écriture divers se répondant et se prolongeant souvent l'un l'autre.Pour mieux comprendre la manière dont Freud élabore ses pensées, voici un extrait de la lettre qu'il adresse à Fliess, le 25 mai 1895, en s'excusant de n'avoir pas répondu plus tôt à sa dernièrelettre : «J'avais une quantité inhumaine de choses à faire, et après dix à onze heures de travail sur les névroses, j'étais régulièrement dans l'incapacité de prendre la plume pour t'écrire un peu, là où j'aurais eu énormément à te dire. La raison principale, pourtant, la voici : un homme comme moi ne peut vivre sans marotte, sans passion dominante, sans un tyran pour parler comme Schiller2, tel celui qui est devenu le mien. Désormais, à mon tour, je ne connais à son service aucune mesure. Il s'agit de la psychologie, depuis toujours le but qui me fait signe de loin, et qui maintenant que j'ai rencontré les névroses, s'est rapproché d'autant.»3 Freud avait d'ailleurs repris comme devise celle de Claude Bernard : « travailler comme une brute». Et il ne s'arrêtait effectivement jamais.Diversité des genres littéraires?>Les écrits de Freud peuvent être toutefois regroupés autour de plusieurs genres principaux, adoptés en fonction du public visé, du sujet abordé ou des circonstances qui l'amènent à rédiger un texte.
Même si cela peut paraître paradoxal, les textes consacrés à l'histoire de la psychanalyse ne constituent pas la catégorie de textes la plus riche pour la connaissance de la psychanalyse. Ce sont souvent des textes politiques qui répondent à une nécessité ponctuelle et conjoncturelle d'élaborer une stratégie ou une réponse contre des attaques ou des incompréhensions. C'est le cas de la Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique (1914 d), que Freud écrit pour affirmer son opposition aux théorisations de Jung et d'Adler.Les histoires de malades (Krankengeschiste) constituent une autre forme d'écriture que Freud utilise très tôt, même s'il se montrait parfois sceptique sur la capacité de cette forme d'écriture à relater fidèlement les faits cliniques observés. Ces histoires de malades ont généralement pour fonction de confirmer ou d'infirmer des apports et des découvertes théoriques. En même temps, Freud s'intéresse délibérément au malade et à son histoire, plutôt que de s'attacher à l'histoire de la maladie qui, selon lui, relève de la psychiatrie. Le Cas Dora, qui devait initialement s'intituler Rêve et hystérie, reprend ainsi le parcours d'Ida Bauer durantles onze semaines de son analyse (à partir d'octobre 1900), en vue de confirmer en quelque sorte la théorie du rêve à travers les deux grands rêves de Dora; finalement, Freud l'écrit dans l'urgence de comprendre l'impasse dans laquelle il s'est trouvé face à elle et le congé qu'elle lui a signifié.Le cas de L'Homme aux rats que Freud traite entre 1907 et 1908 lui permet de découvrir la névrose obsessionnelle ou névrose de contrainte. Freud y voit également confirmée la véritable position psychique de l'analyste, dont il avait eu l'intuition dès les Études sur l'hystérie, mais qu'il n'a pas toujours su adopter face à l'Homme aux rats, lequel remet brutalement Freud à sa place de « tierce personne », ce tiers, support du transfert, tel que Freud l'avait entrevu quelques années auparavant, sans toutefois pouvoir le prendre alors véritablement en compte dans sa pratique analytique.Le cas du petit Hans que Freud suit durant la même période, en 1908, présente l'originalité de développer la phobie d'un enfant de cinq ans qui a été analy...
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